1790
le château du duc de Penthièvre

A la mort du duc de la Vrillière en 1777, le château est acheté par le prince de Guéménée. La retentissante faillite du prince l’oblige cependant à vendre nombre de ses domaines dont Châteauneuf-sur-Loire.

Le nouveau propriétaire est Louis Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre, petit-fils légitimé de Louis XIV et de Mme de Montespan. Héritant de la colossale fortune de son père, le comte de Toulouse, puis de celle de son cousin germain, le comte d’Eu, il a su faire fructifier son patrimoine, devenant un des hommes les plus riches de son temps et un des plus gros propriétaires fonciers du royaume. Le duc de Penthièvre mène toutefois une vie austère, absorbé par la dévotion, la gestion de ses biens et la charité. La disparition prématurée de plusieurs membres de sa famille l’a profondément affecté : il a perdu en bas âge cinq de ses sept enfants, sa jeune femme en 1754 puis son seul fils survivant, le prince de Lamballe, en 1768.

A la suite de la vente forcée de son duché de Rambouillet à Louis XVI, il acquiert Châteauneuf-sur-Loire en 1783 puis Chanteloup et Amboise en 1785. Il y entreprend d’importants travaux visant à moderniser et embellir son cadre de vie.

A Châteauneuf, la demeure est adaptée à son rang et à son époque : des travaux de clos et de couverts sont entrepris. Les espaces sont cloisonnés pour disposer de pièces plus petites, répondant au besoin d’intimité et d’hygiène du moment. Pour moderniser les appartements, des meubles sont commandés aux meilleurs artisans de Paris ou déménagés d’autres résidences. Les toiles encastrées dans les lambris, les cheminées et les dessus de porte sont, elles, déposées et envoyées ailleurs. Dans la galerie, le décor est renouvelé. Près de 70 tableaux sont exposés dans la galerie, accompagnés de sculptures, de bustes en marbre et de vases en porphyre. La galerie est ouverte au public. Le duc fait aussi réaménager une partie du grand corps de logis : la salle de billard et la chambre du roi au premier étage deviennent ses appartements. Il fait appel au sculpteur François-Michel Romagnesi pour la décoration. Ce dernier exécuta deux lions en pierre pour orner l’escalier en fer à cheval donnant accès aux jardins.

Homme charitable, empreint de valeurs chrétiennes, le duc accorde régulièrement secours et aumônes aux habitants de ses nombreux domaines. A Châteauneuf-sur-Loire, l’hôpital et l’école de filles bénéficient de ses libéralités. Il s’emploie aussi à redynamiser l’activité économique locale, soucieux de lutter contre la pauvreté. En 1785, commencent les travaux pour le nouveau port grâce aux crédits conjoints du roi et du duc.

Aussi, lorsque débute la Révolution française, il n’est pas inquiété. Il a d’ailleurs accepté de prêter serment de fidélité à la Nation lors de la fête de la Fédération le 14 juillet 1790 à Châteauneuf et il a refusé d’émigrer. Toutefois, l'assassinat de sa belle-fille, la princesse de Lamballe, le 3 septembre 1792 puis l’exécution du roi le 21 janvier 1793 l’ébranlent. Il décède le 4 mars 1793, au Château de Bizy à Vernon.